mercredi 31 décembre 2008

Musique!

Ce n'est pas congolais mais comme on dit ici: "Ca fait rage."
Alors pour votre réveillon:

BOUGEZ, BOUGEZ !



Carte postale du Kenya



La nouvelle année sera excellente...




Puisque nous vous retrouverons en juillet 2009!




D'ici là, que tout aille bien pour vous!



Sophie & Laurent

Confidences de chauffeur de ministre

Au feu ! Au secours, les Pompiers !

L’autre jour, en conduisant sur le boulevard mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect ...), nous avons croisé une armada d’engins en tous genres, presque neufs, certainement commandés par la Ville. Il y avait dans la caravane: des pelleteuses, des camions balayeurs et arroseurs, des camions éboueurs, et même des véhicules anti-incendie. Mon patron de Ministre, à partir de la banquette arrière de la voiture officielle, exultait comme un bambin. Il m’a même ordonné de me ranger un moment sur le bord de la route pour admirer, d’après ses propres dires, « les cinq chantiers en marche de la République en marche ! ».

Seulement voilà : la semaine passée, il y a eu comme une série noire d’incendies dans la ville, et presque coup sur coup. Le premier incendie s’est manifesté en plein centre-ville, en plein dans un bar qui servait aux agents Monuc d’attrape-mouches des ... Moniques en chaleur. Comme tout le monde sait, «Monique» est le féminin de Monuc, en ce qu’elle en est l’âme sœur et damnée, et le repos de guerrier. Donc, à propos d’incendie du bar, en un clin d’œil, on ne sait pourquoi, paf! un feu d’artifice et un feu de brousse! Le bar consumé par le feu! Les agents Monuc et leurs ... Moniques, tous familiers du coin, ont fait un grand deuil de ce bar devenu le lieu mythique des accordailles et des épousailles sulfureuses ...

Le deuxième incendie s’est déclaré sur la ville haute, dans la villa huppée d’un quelqu’un-en-haut-d’en-haut. En un clin d’œil aussi, villa partie en fumée ! C’est ainsi que dès l’annonce du troisième incendie, mon patron de Ministre a décidé d’aller sur place et, si besoin, de mener lui-même les opérations d’extinction. Ainsi, armés de pied en cap avec casques, scaphandres, bottes et gants de pompiers qu’il venait de commander à la brigade anti-incendie pour les besoins médiatiques et politiques, mon patron de Ministre et moi avons débarqué en pleine « cité» devant un hôtel en flammes. «Hôtel» est un bien grand mot pour cette bâtisse informe, presqu’en délabrement, servant plutôt de lieu borgne de passe et de prostitution. D’ailleurs, il fallait voir comment les amoureux d’une passe couraient hors des flammes dans une panique indescriptible, comme des Adam et Eve chassés du paradis! Il Y avait là, parmi ces fuyards et ces rescapés, de vieux croulants bedonnants, en slips flageolants et s’accrochant aux bras de filles nubiles à demi-nues. Tous, Adam et Eve, certainement surpris pour ainsi dire dans le feu des ébats érotiques ... Il y avait là également, des mémères rabougries, seins flasques tels des chaussettes et ventres en accordéon, pleurnichant de souffrance (mais aussi certainement de honte !) dans les bras de jeunes gigolos « Mario ». Tous, mémères et «Marios », projetés hors des flammes et du danger, mais au-devant du public intrigué des badauds. Nous étions là-devant l’incendie, mon Ministre et moi, impuissants dans notre ridicule tenue de pompiers d’opérette.

C’est alors qu’on entendit au loin, puis de plus en plus proches, les échos d’une sirène de pompiers. Piii! Pôôô ! Piii! Pôôô! Les pompiers ont débarqué avec fracas, comme des extra-terrestres. Ils se sont aussitôt affairés à dérouler les énormes tuyaux d’eau. Mais au moment de lancer les jets d’eau, rien! Rien qu’une petite pisse de chauve-souris! Mon patron de Ministre était au bord des nerfs .

... Arriva le deuxième camion extincteur. Piii! Pôôô! Piii!Pôôô! Toujours en trombe, et les boyaux bourrés d’eau. Mais ce camion était tellement gorgé d’eau que, dans sa surcharge, il cassa sec deux grosses dalles et s’y enfonça à un kilomètre du sinistre. Mon patron de Ministre ne tenait plus en place, et criait des ordres et des contre-ordres en tous sens.

Arriva enfin, toujours à tombeau ouvert, un troisième camion anti-­incendie. Piii! Pôôô! Piii! Pôôô! Mais il était tellement en vitesse qu’il dérapa et alla cogner contre les voitures en stationnement. Et parmi ces voitures fracassées, yélélé ! yélélé ! la voiture même, la voiture officielle de mon patron de Ministre ! Autrement dit, ce qui fait ma propre fierté de vivre et de survivre en tant que chauffeur distingué d’un Ministre distingué ... Partie en fumée, « notre» voiture officielle!

Mon patron de Ministre était fou de rage ... Il a fallu finalement le secours des « shegués » pour éteindre, avec des seaux dérisoires et de l’eau de robinet, les dernières flammèches évanescentes. Et de nous trouver, à mon patron et à moi, un taxi-express de fortune pour quitter les lieux du sinistre !

YOKA LYE

ANDREYOKALYE@YAHOO.FR

mercredi 17 décembre 2008

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 5

Nous ne le savions pas encore au réveil mais cette journée allait être la dernière de notre périple...


Reprenant la route de Kinshasa, nous faisons un crochet par Kolo-Fuma. Industrie coloniale de production, à l'origine, d'huile de palme reconvertie en élevage de bovins. Les étendues sont verdoyantes et vastes. Mais le plus surprenant c'est encore les infrastructures. Vieillotes et organisées autour de l'entreprise. Un centre de santé, un terrain de foot, une école, une église, une gare, le village des ouvriers, la rue des employés aux maisons cossues, des hangars, des ateliers et l'usine de transformation.


Ici, le temps semble s'être arrêté. Kolo vit dans une bulle où les gens ont l'air, si pas heureux, au moins satisfaits. Ils ont du travail, de l'eau et de l'électricité et ils vivent loin du bruit, de la pollution et des dangers de la ville.


C'est Thomas, le frère de Charlotte, collègue de primaire, qui nous accueille. Mais très rapidement, Sophie se plaint de douleurs au cou et de fièvre. Elle vomit, transpire et court aux toilettes... C'est cette première poussée de malaria qui mettra un terme à notre périple.



Et c'est riches de souvenirs de rencontres et de paysages que nous rentrons à Kinshasa le lendemain matin. La valeureuse Vitara kit Sport pourra aller se faire pouponner et, deux jours plus tard, Sophie était complètement rétablie!






Bien à vous!



PS: pour les photos, cliquez sur le titre de l'article.

lundi 15 décembre 2008

Confidences de chauffeur de ministre

Mise en place terminée !!

Suspense au cabinet de mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect…). Suspense parce qu’elle est imminente, la mise en place du nouveau cabinet ministériel. Il est de coutume en effet qu’à chaque remaniement ministériel, leurs Excellences renouvellent les équipes. Pourtant, en principe, on ne change pas l’équipe qui gagne. Mais dire cela, c’est oublier qu’il y a une longue file de membres du parti et du clan qui attendent impatiemment leur tour de manger le gâteau. Alors commencent entre nous le trafic d’influence, la délation, les crocs-en-jambes, les obséquiosités rampantes. Trafic d’influence par exemple : on m’a rapporté l’autre matin que le chef de la logistique du cabinet expliquait à l’oreille du directeur de cabinet qu’il ne trouvait pas normal que la voiture du Ministre soit si gourmande en carburant malgré son petit ventre de réservoir. Sous-entendu : il y aurait surfacturation et trafic d’essence de la part du chauffeur du Ministre que je suis.

Délation par exemple : j’ai entendu de mes propres oreilles l’autre midi, à la pause, le chef du protocole chuchoter à l’oreille de la secrétaire particulière que l’on voyait de plus en plus le garde du corps flirter avec la secrétaire d’un chef de l’opposition radicale. Sous-entendu : il y aurait trafic d’informations secrètes et vases communicants entre le fameux garde du corps et les frères ennemis d’en face.

Crocs-en-jambes par exemple : le directeur de cabinet-adjoint a imité la signature du Directeur titulaire et a rédigé une fausse autorisation de paiement des frais de mission en sa faveur, pour avoir accompagné Son Excellence à un deuil familial. Sous-entendu : trafic de faux et usage de faux, au détriment du directeur titulaire et concurrent potentiel.

Obséquiosités rampantes par exemple : depuis l’annonce de la mise en place du cabinet, il y a comme une compétition de flatteries entre les membres du personnel. La plupart des membres sont passés de «Son Excellence monsieur le Ministre» à «Excellentissime», à «Grand-Patron-Ministre», à «Mon-Patron-Stratège », et même à «Mopao-Ministre» et à «Preso- Ministre». Et patati et patata… et tout ça, assorti d’une comédie théâtrale impayable, avec des courbettes à 180 degrés, des génuflexions à quatre pattes, et des sourires nègres de dessins animés…

Moi, je n’aime pas ça. D’abord parce que plus expert et spécialiste que moi au volant de la voiture officielle, personne ! Ensuite, parce que je ne suis pas n’importe quel chauffeur officiel; auprès de mon patron de Ministre, je suis à la fois guide, confident, entremetteur, agent de renseignements, goûteur… Voilà ma force tranquille. D’ailleurs cette force tranquille m’a coûté cher, puisque désormais, tout ce monde du cabinet vient déposer et prendre des nouvelles chez moi, convaincu que je suis la voie unique et autorisée pour accéder à notre patron de Ministre.

Ainsi, j’apprends encore une fois du garde du corps du Ministre que la secrétaire particulière a égorgé et enterré vivant un mouton noir avec des invocations au nom de mon patron de Ministre. En réalité, les ambitions de la secrétaire particulière voient et vont loin : le cabinet ministériel est devenu trop étroit et quelconque pour elle ; elle rêve désormais de faire un coup d’Etat à l’amiable contre la « mère ya palais ». cette secrétaire aurait pour cela, en plus des maraboutages sophistiqués, des techniques d’entre-cuisses absolument ensorcelantes, capables de domestiquer Barack Obama en personne !

Ainsi, j’apprendrai en revanche de la part de la même secrétaire que le garde du corps aurait subtilisé un slip et des chaussettes usées de notre patron de Ministre pour les confier à un féticheur tchokwe afin de les transformer en gris-gris d’envoûtement. En vérité les prétentions du garde du corps vont tout aussi loin : il tient à prendre la place du directeur de cabinet-adjoint. En fin de compte, avec toute la moisson d’informations recueillies ici et là auprès du personnel, je devenais encore plus fort, et vraiment incontournable…

…C’est sur ces entrefaites que j’ai reçu un coup de téléphone du directeur de cabinet. Il m’annonçait la mise en place effective au cabinet ministériel. Il me signifiait, au nom de Son Excellence monsieur le Ministre, que je venais d’être permuté : j’étais affecté dorénavant au service privé de ma patronne, « mère ya palais ». Le temps d’émettre une exclamation et une interrogation, le directeur de cabinet avait déjà raccroché…

Yoka Lye


jeudi 11 décembre 2008

Musique!

A écouter jusqu'au bout pour la beauté des paroles...

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 4


Le rendez-vous est fixé à 13h30 sur le parvis de l'église. Pitchou doit venir nous chercher au guidon de sa moto rouge pour nous présenter un villageois
qui saura nous guider sur le plateau du mont de Cristal. Mais, comme papa Fololo nous l'avait dit, Pitchou n'est pas très fiable... Il est donc arrivé vers 15h... En sachant que la nuit tombe vers 18h, il ne fallait plus trainer...

Lorsqu'il arrive enfin, c'est pour nous emmener dans un village où il veut nous présenter notre guide (qu'il n'a pas encore trouvé...).




La suite est plus limpide et plus belle. Nous découvrons une vaste plaine verdoyante traversée par une rivière et parsemée de culture. Au fond, le mont de Cristal. Pour vous donner une meilleure idée (?!?), ça ressemble à un paysage de Jurassic Park mais sans les fauves.




L'ascension n'est pas longue mais il n'existe aucun chemin. Ayant une confiance aveugle en notre guide, nous montons tout droit! Après 45 minutes, nous arrivons au pied d'une barre rocheuse infranchissable sans matériel.

On la longe quelques temps, histoire de profiter du vertige et de la vue. Puis notre guide s'exclame: "J'aurais dû avoir l'idée de passer par là. Nous serions arrivé en haut! Mais maintenant, nous ne pouvons que redescendre..."


Nous avons donc rejoint la plaine en pensant à ce sympathique Pitchou qui nous avait déniché un guide infaillible... Sacré Pitchou!


Le soir, petite sortie avec papa Fololo avant de faire nos adieux à nos amies les sœurs de Kimpese. Le lendemain, nous reprenions la route de Matadi en direction de Kishasa pour notre prochaine étape: Kolo Fuma...







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mercredi 10 décembre 2008

Confidences de chauffeur de ministre

Voici une rubrique extraite du quotidien congolais "Le Potentiel". Le plus souvent drôle, elle est un des regards les plus caustiques que l'on trouve dans la presse sur l'actualité en RDC.

Succulent.


S.I.D.A : Salaire et Sachet Insignifiants Difficilement Acquis… Branle-bas au sein du Palais du peuple ! Non pas à l’intérieur de l’hémicycle où les parle-menteurs s’étripent et s’escriment autour des chiffres et des statistiques budgétaires, mais simplement dans le parking. Cela fait bien des heures que j’ai déposé ici, au Palais du peuple, mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect…). Tout au long du parcours entre la résidence ministérielle et le parlement, vautré au fond de la voiture officielle, calculette en mains et stylo en bataille, mon patron monologue avec les chiffres. Manifestement, il y a belle lurette que mon patron de Ministre a exercé le calcul mental et les mathématiques modernes, puisque, à l’entendre marmonner à haute voix et pester, on comprend finalement que ses tables de multiplication et d’addition semblent déréglées par celles de la division et de la soustraction. Manifestement donc, les prévisions de budget préparées par son cabinet semblent ne pas le satisfaire : mon pauvre Ministre n’a pas eu le temps de contrôler attentivement ces fameux chiffres avant la défense au Parlement. La preuve en est qu’à chaque fois, entre deux vérifications, mon patron jure comme un boucher et envoie au diable son directeur de cabinet, comptable de ces prévisions funestes. De temps en temps même, au comble de l’exaspération, mon patron de ministre se tourne vers moi et me demande à brûle-pourpoint : « Combien font 5 milliards FOIS 12 mois FOIS 5 millions de fonctionnaires PLUS 50.000 retraités DIVISES PAR 11 provinces MOINS 150.000 agents fictifs, avec 10 % de commissions ?? »

Bien entendu, au bougre de chauffeur que je suis, il est impossible de répondre à des calculs aussi sophistiqués. Alors je fais semblant de regarder ailleurs et fais la sourde oreille. Alors mon patron de Ministre se défoule et peste sur moi, en me traitant de « cancre » et de « potache ».

Il en a été ainsi toute cette semaine sur l’itinéraire résidence-Palais du peuple. Un vrai chemin de croix ! Un chemin toujours pavé de chiffres si compliqués, et parsemé de statistiques si illisibles que mon patron de Ministre en a perdu la voix, à force de pester, et sa langue maternelle, à force de se creuser la cervelle en vain. J’ai compris, à entendre le monologue courroucé de mon patron, que les prévisions budgétaires concoctées par le cabinet ressemblaient à de la science-fiction et à de la littérature fantasque, avec des chiffres à donner l’insomnie et le vertige même à un Prix Nobel !

…Mais ce n’est du tout de tout cela que je devrais parler : je voudrais décrire l’ambiance en dehors de la salle parle-menteuse, dans notre parking de chauffeurs. Il y a en effet rassemblés autour d’une auto-radio, tous les chauffeurs des Ministres, y compris celui de Ngwashi-premier. C’est d’ailleurs autour de son auto-radio que nous tous, chauffeurs officiels, suivons les débats parle-menteurs. Une vraie ambiance de « parlement-debout » ! A chaque fois que là-bas, dans la salle, un Ministre est interpellé, ici au parking, nos regards et notre attention se portent sur son chauffeur. Et il faut voir comment, à chaque trébuchement, à chaque maladresse de tel ou tel Ministre devant les objections agressives des parme-menteurs interpellateurs, comment l’angoisse étreint le visage de tel ou tel de son chauffeur… Comme un supporter de foot angoissé par les moindres faits et gestes de « son » joueur »… Lorsque dans la salle, l’un ou l’autre Ministre s’en sort honorablement, comme par exemple celui chargé des Ressources Poissonnières, ici au parking le public des chauffeurs applaudit comme s’il avait marqué un but ! Lorsqu’au contraire, comme il est arrivé fréquemment, par exemple avec le Ministre chargé de la Prospérité Nationale, un Ministre est recalé jusqu’à perdre la parole, sollicitant du coup de s’exprimer en dialecte maternel pour être compris, des huées fusent ici dans ce « parlement-debout » du parking, comme contre un joueur qui a raté un pénalty.

Jusqu’à présent, là-bas dans la salle, mon patron de Ministre n’a pas encore été interpellé. J’ai quelques appréhensions sur sa prestation, à voir comment ses prévisions budgétaires semblent avoir été bâclées. Pour aujourd’hui donc, la journée s’est achevée sans vainqueur ni vaincu. Et le match-retour est reporté au lendemain. Epuisés, mon patron de Ministre et moi, nous sommes de retour à la résidence.

Or, voilà qu’en arrivant devant le portail, la nuit tombante, nous avons été surpris de voir des tas de banderoles et de graffiti pavoisant les murs de la résidence de mon patron de Ministre. Malgré l’obscurité, on pouvait y lire : « PANIER DE LA MENAGERE OU SACHET DE LA MENAGERE ? ». « CONTRE LE S.I.D.A : Salaire Insuffisant Difficilement Acquis !! ».

Yoka Lye

andreyokalye@yahoo.fr


Merci à papa RV.

vendredi 5 décembre 2008

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 3

"...gnaaa.... gnagnaaa... gnagnagna gnagna... You can dance! You can...""""


6h! Le réveille de Sophie chante... Nous nous levons tous les deux en toute discrétion afin de ne pas troubler le sommeil de nos deux compères. Silencieusement donc nous allons assister aux matines des sœurs de la Charité et de l'Enfant Jésus de Kimpese. Mais je n'en dirai pas beaucoup plus, tant le moment n'avait rien de particulièrement beau...


Une bonne heure plus tard, douchés et frais comme une brume matinale, Virginie et Hervé nous rejoignent pour déjeuner avec les sœurs... Après quoi, nous allons rendre une visite de courtoisie à nos confrères congolais travaillant pour le Lycée de la congrégation.


Les bâtiments de l'école secondaire jouxtent ceux du couvent. Un peu plus loin, nous découvrons l'internat de plus de 180 lits... L'établissement semble bien tenu. Les cours se donnent dans une certaine rigueur : silence, ordre et politesse. Un diplôme, ça se mérite! Il faut de la sueur, des feuilles noircies de notes et des anciens manuels scolaires venus tout droit de Belgique (Là où, comme tout le monde le sait, la pédagogie est à la pointe!). Les classes sont chargées. 50 élèves pour les plus grands groupes...


Après le secondaire, histoire de satisfaire tout le monde, "Madame-ma-sœur-la-directrice" nous emmène découvrir son école primaire. Nous partons donc à la rencontre "des amis de Jésus"... Dès notre arrivée dans la cour des maternels, une effervescence s'ébruite par les fenêtres ouvertes. En quelques secondes, tous les enfants sont rangés en un rectangle digne des plus grands rassemblement militaire. Les maîtres, chicote à la main et tablier rose en pardessus, veille à ce qu'aucune tête ne dépasse... Puis, après un petit mot de "Madama-ma-soeur-la-directrice" (qui ressemblait plus à un sketch d'Eli Kakou!), les enfants nous démontrent une fois de plus à quel point la musique est ancrée dans la culture africaine. Les "amis-de-Jésus" nous hurlent des chants de bienvenue tout en dansant et en frappant dans les mains! Scène surprenante et extraordinaire!


Ensuite, nous passons dans quelques classes de primaires. Et, alors que nous pensions avoir déjà découvert le plus surprenant, c'est un cours d'éducation physique qui s'offre à nos yeux écarquillés. En effet, à cette heure de la matinée, le soleil est déjà haut et brulant. Et pourtant ils pompent sans broncher! De quoi laisser Hervé divaguer et rêver à un petit bataillon qui lui permettrait de libérer l'Est de la RDC des mains de Nkunda...


Peu après, c'est dans un bain de foule que nous quittons l'école pour nous rendre à l'hôpital. Au menu, visite de la pharmacie, de la maternité, des dortoirs hommes et femmes et des différents cabinets que comporte le centre de soin. Pour nous guider, nous retrouvons sœur Christine bon pied bon œil au comptoir de sa pharmacie.

Sœur Christine vaut à elle seule le trajet jusqu'à Kimpese... Petite nonnette flamande devant approcher les 80 ans qui a 40 ans de Congo, un enthousiasme débordant et un caractère bien trempé! Pour elle, il n'y a ni tabou, ni secret... On passera donc de la salle d'accouchement où une maman est en couche ("Bonjour madame... Bon travail! Au revoir madame...") aux 2 salles d'opération, heureusement en plein nettoyage.


La visite est instructive et impressionnante. Tous ces gens luttent pour leur survie avec des moyens dont on ne saurait que faire. Les matelas sont déchirés et pouilleux; l'appareil de radiologie hors service depuis que la lampe s'est définitivement éteinte; le labo dépourvu de tout matériel sophistiqué... Un peu partout, aux murs, des affichent de propagande rappellent la nécessité de boire de l'eau pure, de consulter un médecin plutôt qu'un marabout, de manger équilibrer, etc. La chaleur et la moiteur accentue l'odeur... Un parfum de désinfectant à base de javel mêlé à celui de la transpiration et du magnoc qui cuit...


Après une visite d'une heure trente, nous retournons au couvent dans pour discuter de tout cela et nous rafraîchir. Après le dîner, nous devrions tenter l'ascencion du mont de Cristal... Plus haut plateau de la région (+/- 600m...) avec l'aide de l'ami Pitchou...