samedi 14 mars 2009

A la croisée des mondes




C'est le jeudi précédant les vacances de carnaval que nous prenions la route avec les élèves de 5ème secondaire pour un temps d'approfondissement personnel loin de l'effervescence de la mégapole et de la frénésie de leur vie d'ado.

C'est dans le cadre des cours de religion et de morale que ce projet est mis sur pied. L'objectif: donner l'occasion à ces jeunes de sortir de leur cocon et de découvrir la vie en groupe, le sens du service, de l'engagement et de l'initiative! Bref, un condensé de Baden Powell en 3 jours...

L'intérêt que représentait pour moi ce type d'activité se situe au niveau de l'organisation dans ce pays où la peur et la crainte occupent pas mal d'esprits expatriés. Nous devions nous rendre à Kolo Fuma (Voir cet article), sur la N1 Kinshasa-Matadi. Le transport à lui seul constitue un certain danger. Les petits cars allaient-ils être dans un état correct? Avec des freins et une direction fiables? Les chauffeurs seraient-ils à la hauteur, raisonnables et professionnels? N'allions nous pas croiser un camion-fou?

Très rapidement, nous avons été rassurés. Les bus étaient impeccables et les chauffeurs soucieux de leurs clients. Ils ont chargé tous les bagages sur le toits Matelas, énormes valises et autres lits de camps volumineux. Le camping et les mouvements de jeunesse ne font pas vraiment partie des habitudes d'expatriés... Sur la route, le chauffeur de l'école nous a accompagné au volant de son pick-up chargé de réserves d'eau pure et de deux fontaines. La logistique était bien en place. Nous pouvions partir.

Seul dans un bus, j' ai observé les élèves. Des jeunes de 17ans comme les autres. Ou presque... Pour la plus part, ils ne sortent jamais de leur milieu. Les parents les protègent de tous les maux que pourrait engendrer une virée dans un pays tel que la RDC. Un ipod crache son r'n'b américain remixé par des dj's congolais et une certaine euphorie semblait gagner le groupe. Le gout de la liberté. Enfin, modestement puisque le gsm couché sur les genoux, les parents ne sont jamais loin!

Après 4h de route, nous avons quitté la N1 pour prendre la piste vers Kolo... Première brève rencontre avec l'autre monde... Dans notre bus blanc chargé de blancs nous avons croisé un camion aux couleurs nationales surchargé de marchandises et de congolais. Mal à l'aise, on a rit, on s'est protège et on n'a pas encore osé tendre une main pour un salut amical. Ca va venir.


Sur place, tout s'est passé normalement. Des sanitaires délabrés (ou dévastés?), une maison de moins que ce qui était prévu. Les garçons dormiront dans le réfectoire... Il nous reste 2 douches pour un groupe de 35. Belle aventure.

Le point d'orgue de voyage a été, sans aucun doute, la rencontre avec l'école du village de Kolo-Fuma. Deux mondes s'observant... Se dévisageant... Se rencontrant. Les riches ont osé laisser tomber un instant leurs ricanements et les pauvres ont voulu montrer qui ils étaient. Mais la joute n'aura pas lieu! On a prévu mieux! Nous avons mêlé les deux écoles pour constituer 4 équipes de foot. Chez nous, tout le monde devait jouer! Même les filles! Chez eux, seuls les meilleurs avaient été repris. Finalement, tous ont joué ensemble sous le même soleil brûlant! Et, dans les gradins, c'est la fête!



Le lendemain, nous avons apporté un peu de matériel scolaire à l'école. Des stylos, du papier, des craies... Le directeur nous a ouvert les portes de son établissement et, pour les élèves qui étaient là, c'est la surprise. Osera-t-on encore se plaindre? Que veulent encore dire les mots: équité, justice, égalité?

Le samedi matin, le départ a été un peu précipité. Un garçon ayant décidé de terminer son séjour en nous offrant une petite cabriole nocturne dans les escaliers de pierre. Résultat, sans doute une commotion. Le retour sur Kin devra se faire prudemment et rapidement. Une nouvelle fois, la différence entre notre monde et celui des congolais va nous sauter aux yeux...

Ressortissant portugais, les parents ont contacté leur ambassade. Et, la MONUC peut nous envoyer un hélicoptère s'il nous semble qu'il y a vraiment urgence. Finalement et plus simplement, un agent de police nous a été détaché afin de nous escorter dans les embouteillages monstres à l'entrée de la ville... Tandis que dans les hôpitaux pour congolais, sans les 5$ pour la quinine, on ne soignera pas votre malaria...

De contraste en contraste, de rencontre en rencontre et d'un monde à l'autre, nous sommes tous rentrés bousculés... Mission accomplie!

Bien à vous.

De Kinshasa, RDC, 08-09




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