vendredi 29 mai 2009

Musique!

Enfin de la BONNE musique! 

J'entends par bonne une musique nouvelle, créative et originale. 

Konono n°1 est un groupe originaire de N'Djili, le quartier de l'aéroport. Et leur Myspace est ici!
Ils ont pour particularité d'utiliser des bases de la musique ancestrale et de la moderniser. 
On électrifie et amplifie les instruments, on sature la sono, et on fait tourner la mélodie jusqu'à la transe... 
Les Ancêtres adorent et nous aussi! Même Bjork les a fait enregistrer avec elle. 

C'est dire...

Allez, écoutez moi ça pour entamer le week-end en pleine forme!

mardi 26 mai 2009

Vivement dimanche chez papa Jean!

Bonjour à tous!

Aujourd'hui, une bonne et une moins bonne nouvelle...

Tout d'abord, Jean a acquis son terrain et démarré les travaux. Toutefois, le pays étant ce qu'il est, il a fallu ajouter un peu d'argent pour les différents bakchichs et autres matabichs. Soit 250$ pour les différentes administrations et il manque encore 80$ afin que le bourgmestre de sa commune appose l'ultime signature. (Pour ces derniers, ni Jean ni nous n'avons encore trouvé de solution).
Mais bon, visiblement, ça roule et Jean est aux anges. Ils nous appellentMoïse et se demande comment il va pouvoir vivre sans nous dés notre départ. Ce qui a tendance à nous agacer car on espère qu'il va parvenir à se débrouiller pour payer la nourriture et l'école à ses enfants... Toujours est-il que ce dimanche 31, nous nous rendons sur son chantier afin de rencontrer sa famille et découvrir l'aboutissement du projet. Je pourrais donc enfin publier quelques clichés.
La seconde nouvelle est plutôt une énigme pour le moment... En effet, la deuxième famille que nous avons pu aider grâce à vous est celle de Samuel. Mais je n'ai eu qu'un contact téléphonique avec lui. Et, franchement, je n'ai rien compris. Son français et le mien semblent trop éloignés. Donc je ne sais pas où il en est... Normalement, il doit passer demain après-midi. Espérons que la pression familiale, sociale ou que la faim ou la santé ne l'ont pas poussé à utiliser l'argent à autre chose...

Nous en saurons plus demain.  

Voilà pour les dernières infos.Sachez que si l'envie vous prend de vouloir encore les aider ou en aider d'autres, nous restons vos intermédiaires sur place pour un mois encore...

Bien à vous!



Il est évident que cette image n'a rien à faire là, 
c'est juste pour vous faire voyager un peu!

lundi 25 mai 2009

Des mecs, des pizza & une radio...


Dans la vile de Dieumerci Mbokani, comment ne pas avoir pensé à retransmettre ces deux tests matchs? Sans images, sans connexion internet fiable, nous voici quelques décénies en arrières. Atablés autour d'un transistor. A la différence qu'aujourd'hui, le poste est chinois et que nous mangeons des pizza préparées par un portugais en buvant une bière kinoise...

Mais peu importait ce week-end. Tout était possible. Et ils l'ont fait! Quel drôle de sentiment que cette fierté qui surgit entre nous à cause du seul fait que nous venons d'une même région. Je me mettrais même à aimer le foot... Il est peut-être temps que je rentre avant que le Congo ne me transforme complètement...

Un seul mauve à notre table de liégeois...


Bonne journée à tous.

mardi 19 mai 2009

Pour mon anniversaire: premières leçon de batterie!

Cela fait des années que je casse les oreilles à mes parents pendant les repas, à mon frère qui étudie dans la chambre voisine, à Sophie qui téléphone et aux élèves qui sont en interro en frappant sur tout et n'importe quoi, et, surtout n'importe quoi!!!

Je me suis donc lancé! 

C'est autour d'une (ou peut-être plusieurs) bière que j'ai rencontré Djenga, batteur du groupe Washiba. De fil en aiguille on cause, je fais le malin... "Ouais, j'aime trop ce que tu fais. Mais tu vois moi ...." Bref, c'est après avoir débité pas mal d'ânneries dont nous avons tous le secret fin de soirée, que je lui tape dans la main et m'engage à prendre des leçons de batterie chez lui!

Quelques jours plus tard, le maître m'accueille dans son humble studio et nous démarrons sur ce qu'ils appellent une batterie accoustique (pour ne pas dire bricolée...).

Mais le coeur y est! Le prof ne connaît pas vraiment le solfège mais frappe des caisses depuis l'âge de 6ans. Ndombolo, rumba, ragga, jazz. Tout fait farine. L'élève quant à lui tente de comprendre ce qu'on lui veut. 

L'air est chaud, humide. Le t-shirt colle à la peau. Les enfants jouent dans la rue et défilent à la porte. Lorsqu'ils dansent un peu, je me vois déjà à l'arrière d'une scène entrain de faire danser tout Kinshasa!

Aaah... Ces beaux rêves d'enfants!

Le Maître:


L'élève...





mardi 12 mai 2009

A 7 semaines de notre retour, voici enfin notre lieu de vie!

Il n'est jamais trop tard...

Voici quelques clichés des deux appartements que nous avons occupés. Deux car nous avons déménagé en décembre. 


Effectivement, le premier en dehors du style libanais, était situé au rez-de-chaussée (RDC... éh éh!) au carrefour de l'avenue de la Justice et du boulevard du 30 Juin. 


La vue du salon donnait sur un parking et quelques gardiens assis en permanence sur nos seuils de fenêtre. La cuisine quant à elle avait une vue imprenable sur la Gombe. Le seul inconvénient, c'est qu'il n'y avait pas de vitre. Juste une baie ouverte. Il est intéressant de noter que comme le ramassage d'ordure n'existe pas, les poubelles sont jetées dans ce ruisseau. Ajoutez à cela la chaleur et le manque d'air... Vous obtenez une cuisine idéale pour les régimes. Dès que vous en franchissiez la porte, l'odeur vous coupait l'appétit! 


Enfin, le dernier élément nous ayant poussé à déménager est qu'il n'y avait pas d'extérieur. Ni balcon, ni terrasse, ni jardin... Et dans un pays chaud, rester enfermés avec les rideaux clos... c'était pas pour nous. 

Enfin, pour être complet, il avait aussi ses atouts. Effectivement, nous étions plus proches des congolais. Gardiens, voisins, commerçants. Nous connaissions aussi les coupures d'eau et de courant... 


Mais tout cela a bien changé lorsque nous avons atterri dans la concession Utexafrica...


Nous avons donc pris le 30 Juin vers Kintambo et fait 1 km. C'est peu mais ça change tout!

Une fois passé le portail, vous entrez dans un autre monde... Genre little world d'Eurodisney ou Sunpark ou encore la fausse ville du Truman show... Comprenez moi bien, il s'agit ici d'une bulle réservée à une franche de la population kinoise que constitue le monde des expatriés.
 

L'endroit est confortable, sécurisé et appaisant. On peut s'y promener, jouer tennis, laisser les enfants rouler à vélo et, depuis 15 jours, aller nager. C'est donc un endroit où il fait bon vivre. Dès que vous sortez de chez vous, vous vous sentez en vacances... Car ici, pas de pauvreté, pas de pollution, pas de coupure d'élèctricité ou d'eau, des jardins entretenus dans lesquels pullulent les plantes tropicales. 


Bref un endroit où il fait bon vivre. Mais qui pose aussi beaucoup de questions... Car les seuls congolais que l'on y croise arrivent tôt le matin. Ils sont chauffeurs, jardiniers, nounous, gardiens ou cuisiniers... Lorsque nous recevons des amis noirs à la maison, ils doivent laisser leur carte d'identité à l'entrée. Nos amis blancs pas. Interpelant. 

Autre fait, dans cette concession sous haute surveillance, certains trouvent encore utile d'engager un gardien pour leur maison... Etrange. Qui craignent-ils? Les voisins mundele ou les travailleurs ou mes amis congolais qui viennent souper le vendredi? 



Dernier cas de conscience: de notre terrasse, nous avons une belle vue sur le boulevard. La vie kinoise défile bruyamment sous nos yeux. Avec son lot de difficultés. Le manque de transport en commun, les embouteillages, la pollution, la police... L'extrême pauvreté aussi. Ces gens qui errent à l'affût du moindre petit billet. Vendeurs de pains, de cartes de téléphonne, d'arachides, d'oeufs, de cigarettes, d'eau pure et de babioles chinoises, quado (réparation de pneu, "pineu" à la congolaise), cireurs de chaussures... Et nous, assis dans notre ilot de blancheur... 

Est-ce vraiment ce que nous sommes venus chercher Loulou? 

Alors, comme partout, libre à vous de vous bouger. D'aller à la rencontre des gens. 

Ne voulant pas que notre vie à Kinshasa se limite au trajet Utex-Ecole belge (3km...) nous poussons toutes les portes que les congolais veulent bien nous entr'ouvrir... Franck, Charly, Kallo, Papa Jean, Papa Samuel, Papa Laurent, Maman Cécile, Florent, Albert et l'équipe de l'école Bolingo, Patrick du bar de la Paix et bien d'autres nous partagent à chaque rencontre le bonheur d'être ensemble, d'être là, d'exister.

Toutes les photos sont à la fin de cet album!

Bonne journée!

dimanche 10 mai 2009

mardi 5 mai 2009

Camping à Bombo-Lumene

Comme partout dans le monde, le 1er mai est ici aussi la fête du travail. Même s'il y a bien plus de chômage à Kinshasa. 

Cependant, nous aussi nous avons profité de ce week-end prolongé. L'avant dernier de notre séjour...

Avec Virginie et Hervé, nous sommes partis vers l'est de Kinshasa. Au début de la province du Bandundu pour un peu de camping en pleine nature... La région est constituée de plateaux couverts de savane et arrosée par deux rivières à la beauté sauvage. La rivière Bombo et la Lumene. C'est non loin de leur confluent que se situe le site "touristique." L'endroit est aussi une réserve naturelle dans laquelle on pouvait trouver, il n'y a pas si longtemps, des éléphants, des hippopotames ainsi que des gazelles... Aujourd'hui, le Congo, ravagé par la faim, n'a rien gardé de ces animaux exotiques... (Pour en savoir plus, c'est ici!)


En résumé, nous avons passé deux nuits sous tentes, pris pas mal de fois l'apéro et mangé à notre aise...  Feux de camp et coups de soleil...


Le must là-bas, en plus des paysages, c'est ce Rapido naturel qui n'a rien à envier à celui d'Aqualibi! En effet, en bikini et maillot, nus pieds, nous suivons un sentier s'étirrant au milieu des hautes herbes pour rejoindre la rivière en amont. En suite, nous nous jetons dans le courrant et nous laissons porter au fil du l'eau dans un décor tiré des plus belles scène d'Indiana Jones! Après 500m, il faut s'agripper au pont de lianes pour rejoindre la berge... Pradisiaque! 


Le seul inconvénient de coin de ce jardinn d'Eden est que des familles sud-africaines (blanches, donc, genre américain) y étaient aussi. Férus de sports moteur, les enfants tournaient dans le camp sur leur quads rutilants et leurs mini-motos stridentes... Enfin,... Absurdité du monde moderne... Se rendre à la campagne au calme pour mieux entendre les échappements de nos derniers jouets...


Sur le chemin du retour, dimanche matin, nous faisons un halte dans un "village" de pêcheurs. Ce lieu est aujourd'hui un des rendez-vous préférés de la bourgeoisie kinoise qui veut se délasser en dehors de la crasse et du vaccarme. Kinkole est aussi un petit port marchand. C'est là que j'ai goûté à mon premier vin de palme. Surprenant. Et Sophie à son premier liboke (poisson cuit en papillote dans des feuilles de bananier). Par contre, notre estomac ne nous a pas permis de gouter les autres zakouskis locaux...



Et toutes les photos sont par ici...

lundi 4 mai 2009

Confidences de chauffeur de ministre

1er mai : fête et grippe porcines

Par  Le Potentiel

J’ai coutume, certains jours de fête, de flâner dans le quartier pour faire des civilités aux «ban’a membres», voisins riverains, et s’enquérir auprès d’eux des programmes éventuels de beuverie et de cuiterie. A chaque fois c’est pareil : je m’arrête au coin de ma rue, devant la baraque du fou du quartier qui a établi là ses pénates depuis des lustres et que personne, pas même le bourgmestre, ne pense déloger… Et toujours je le surprends, ce fou joyeux, dans la même posture, en train de griffonner sur du vieux papier d’un vieux cahier d’écolier mille fois utilisé. Griffonner quoi, personne ne sait ! Lorsqu’en effet, il m’arrive de lui demander ce qu’il écrit ainsi avec tant de fièvre, il me répond la même chose  d’un air grognon: «Fainéant, tu vois bien que je travaille, non ?» Ah ! Que le comprends, ce vieil instituteur de l’Etat réduit à cet état, faute de ressources et de repères ! Le vieil instituteur a certes perdu le nord, mais pas les bonnes pratiques de la craie et du tableau. Une fois, je l’ai supplié de me montrer un petit bout de sa mystérieuse littérature ; il a hésité puis m’a exhibé juste un tout petit bout de page. J’ ai lu sur toute la longueur et la largeur de cette page un seul mot mille fois repris comme une obsession, comme ces devoirs qu’on imposait en punition à l’école primaire ; oui, un seul mot : « Mbudi, Mbudi, Mbudi, Mbudi… ». (N.d.l.r.: accord social de Mbudi)

A chaque fois, en m’arrêtant devant ce vieux fonctionnaire obsédé et victime collatérale du « Mbudi », je lui apporte quelques victuailles préparées par ma femme. Aujourd’hui, c’était, je crois, du porc grillé assorti de patates douces. Mon interlocuteur a remercié (indice d’une bonne vieille éducation !), a ouvert la petite marmite, a flairé puis a secoué négativement la tête. « Non pas de ça, m’a-t-il dit en retroussant le nez et les babines. Pas de viande porcine : du poison ! » J’étais atterré : comment cet homme perdu dans les nuages de la démence avait-il connaissance du dernier fléau à la mode : la grippe porcine, la fièvre américaine ? Décidément, radio-trottoir fonctionnait bien dans le quartier. En rentrant, penaud, auprès de ma femme pour lui restituer son cadeau empoisonné, j’ai expliqué ce qui m’était arrivé avec le fou du quartier. Ma femme en était toute confuse et en avait les larmes aux yeux… Elle a aussitôt refait un autre colis, cette fois avec des légumes «kikalakassa», les testicules de chauve-souris et le croupon de poulet. Et pour nous faire bien pardonner de notre indélicatesse, ma femme a joint une bouteille de «whisky» indigène. Mon hôte a dû apprécier le geste puisque, pour une des rares fois, il a esquissé un sourire énigmatique. Il m’a même invité à partager le repas avec lui dans sa mansarde. Pour être poli jusqu’au bout, j’ai goûté un peu de poulet, un peu de poils de chauve-souris et un peu de « lotoko » indigène.

Alors mon fou a vraiment ri, et, entre deux lampées de lotoko, s’est remis à écrire avec le même sérieux et la même fébrilité dans son vieux cahier. Je ne sais pourquoi, mais j’étais fort ému, fort malheureux en me disant que le monde était injuste : voilà quelqu’un qui avait sans doute fait de bonnes études, mieux que moi, pauvre chauffeur, et qui en était réduit à mourir au petit feu de la folie douce parce que «Mbudi», cette grosse arnaque républicaine l’avait condamné… Plus d’une fois d’ailleurs je me suis livré ainsi à mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect…). Et plus d’une fois, mon patron m’a dit de s’en remettre au destin et de faire confiance à la justice de notre démocratie. Plus d’une fois, parce que je jetais à mon patron un regard sceptique à la suite de sa réponse sibylline, il m’a dit de ne pas dire trop haut ce que je disais là au risque de devenir fou moi-même, victime collatérale de la déprime générale… … Je me suis ensuite dirigé vers le nganda-bistrot au coin du quartier ; et là il y avait foule : on distribuait les pagnes de la soi-disante… Journée soi-disante… Internationale du soi-disant …Travail. J’y ai reconnu tous les ambianceurs, cuiteurs, ndomboleurs du quartier, tous fonctionnaires en grève chronique et en chômage déguisé derrière la bongolation, le boulot de taximan, le trafic des friperies, les navettes à Gouandzo.

Finalement, moi aussi, je me suis jeté dans la foule et la bousculade, et je m’en suis tiré avec deux pagnes : l’un pour ma femme, et l’autre pour notre fou du quartier, le seul à être vraiment convaincu des vertus du travail …bénévoleur.


Yoka Lye 

Andreyokalye@yahoo.fr