mercredi 31 décembre 2008

Musique!

Ce n'est pas congolais mais comme on dit ici: "Ca fait rage."
Alors pour votre réveillon:

BOUGEZ, BOUGEZ !



Carte postale du Kenya



La nouvelle année sera excellente...




Puisque nous vous retrouverons en juillet 2009!




D'ici là, que tout aille bien pour vous!



Sophie & Laurent

Confidences de chauffeur de ministre

Au feu ! Au secours, les Pompiers !

L’autre jour, en conduisant sur le boulevard mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect ...), nous avons croisé une armada d’engins en tous genres, presque neufs, certainement commandés par la Ville. Il y avait dans la caravane: des pelleteuses, des camions balayeurs et arroseurs, des camions éboueurs, et même des véhicules anti-incendie. Mon patron de Ministre, à partir de la banquette arrière de la voiture officielle, exultait comme un bambin. Il m’a même ordonné de me ranger un moment sur le bord de la route pour admirer, d’après ses propres dires, « les cinq chantiers en marche de la République en marche ! ».

Seulement voilà : la semaine passée, il y a eu comme une série noire d’incendies dans la ville, et presque coup sur coup. Le premier incendie s’est manifesté en plein centre-ville, en plein dans un bar qui servait aux agents Monuc d’attrape-mouches des ... Moniques en chaleur. Comme tout le monde sait, «Monique» est le féminin de Monuc, en ce qu’elle en est l’âme sœur et damnée, et le repos de guerrier. Donc, à propos d’incendie du bar, en un clin d’œil, on ne sait pourquoi, paf! un feu d’artifice et un feu de brousse! Le bar consumé par le feu! Les agents Monuc et leurs ... Moniques, tous familiers du coin, ont fait un grand deuil de ce bar devenu le lieu mythique des accordailles et des épousailles sulfureuses ...

Le deuxième incendie s’est déclaré sur la ville haute, dans la villa huppée d’un quelqu’un-en-haut-d’en-haut. En un clin d’œil aussi, villa partie en fumée ! C’est ainsi que dès l’annonce du troisième incendie, mon patron de Ministre a décidé d’aller sur place et, si besoin, de mener lui-même les opérations d’extinction. Ainsi, armés de pied en cap avec casques, scaphandres, bottes et gants de pompiers qu’il venait de commander à la brigade anti-incendie pour les besoins médiatiques et politiques, mon patron de Ministre et moi avons débarqué en pleine « cité» devant un hôtel en flammes. «Hôtel» est un bien grand mot pour cette bâtisse informe, presqu’en délabrement, servant plutôt de lieu borgne de passe et de prostitution. D’ailleurs, il fallait voir comment les amoureux d’une passe couraient hors des flammes dans une panique indescriptible, comme des Adam et Eve chassés du paradis! Il Y avait là, parmi ces fuyards et ces rescapés, de vieux croulants bedonnants, en slips flageolants et s’accrochant aux bras de filles nubiles à demi-nues. Tous, Adam et Eve, certainement surpris pour ainsi dire dans le feu des ébats érotiques ... Il y avait là également, des mémères rabougries, seins flasques tels des chaussettes et ventres en accordéon, pleurnichant de souffrance (mais aussi certainement de honte !) dans les bras de jeunes gigolos « Mario ». Tous, mémères et «Marios », projetés hors des flammes et du danger, mais au-devant du public intrigué des badauds. Nous étions là-devant l’incendie, mon Ministre et moi, impuissants dans notre ridicule tenue de pompiers d’opérette.

C’est alors qu’on entendit au loin, puis de plus en plus proches, les échos d’une sirène de pompiers. Piii! Pôôô ! Piii! Pôôô! Les pompiers ont débarqué avec fracas, comme des extra-terrestres. Ils se sont aussitôt affairés à dérouler les énormes tuyaux d’eau. Mais au moment de lancer les jets d’eau, rien! Rien qu’une petite pisse de chauve-souris! Mon patron de Ministre était au bord des nerfs .

... Arriva le deuxième camion extincteur. Piii! Pôôô! Piii!Pôôô! Toujours en trombe, et les boyaux bourrés d’eau. Mais ce camion était tellement gorgé d’eau que, dans sa surcharge, il cassa sec deux grosses dalles et s’y enfonça à un kilomètre du sinistre. Mon patron de Ministre ne tenait plus en place, et criait des ordres et des contre-ordres en tous sens.

Arriva enfin, toujours à tombeau ouvert, un troisième camion anti-­incendie. Piii! Pôôô! Piii! Pôôô! Mais il était tellement en vitesse qu’il dérapa et alla cogner contre les voitures en stationnement. Et parmi ces voitures fracassées, yélélé ! yélélé ! la voiture même, la voiture officielle de mon patron de Ministre ! Autrement dit, ce qui fait ma propre fierté de vivre et de survivre en tant que chauffeur distingué d’un Ministre distingué ... Partie en fumée, « notre» voiture officielle!

Mon patron de Ministre était fou de rage ... Il a fallu finalement le secours des « shegués » pour éteindre, avec des seaux dérisoires et de l’eau de robinet, les dernières flammèches évanescentes. Et de nous trouver, à mon patron et à moi, un taxi-express de fortune pour quitter les lieux du sinistre !

YOKA LYE

ANDREYOKALYE@YAHOO.FR

mercredi 17 décembre 2008

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 5

Nous ne le savions pas encore au réveil mais cette journée allait être la dernière de notre périple...


Reprenant la route de Kinshasa, nous faisons un crochet par Kolo-Fuma. Industrie coloniale de production, à l'origine, d'huile de palme reconvertie en élevage de bovins. Les étendues sont verdoyantes et vastes. Mais le plus surprenant c'est encore les infrastructures. Vieillotes et organisées autour de l'entreprise. Un centre de santé, un terrain de foot, une école, une église, une gare, le village des ouvriers, la rue des employés aux maisons cossues, des hangars, des ateliers et l'usine de transformation.


Ici, le temps semble s'être arrêté. Kolo vit dans une bulle où les gens ont l'air, si pas heureux, au moins satisfaits. Ils ont du travail, de l'eau et de l'électricité et ils vivent loin du bruit, de la pollution et des dangers de la ville.


C'est Thomas, le frère de Charlotte, collègue de primaire, qui nous accueille. Mais très rapidement, Sophie se plaint de douleurs au cou et de fièvre. Elle vomit, transpire et court aux toilettes... C'est cette première poussée de malaria qui mettra un terme à notre périple.



Et c'est riches de souvenirs de rencontres et de paysages que nous rentrons à Kinshasa le lendemain matin. La valeureuse Vitara kit Sport pourra aller se faire pouponner et, deux jours plus tard, Sophie était complètement rétablie!






Bien à vous!



PS: pour les photos, cliquez sur le titre de l'article.

lundi 15 décembre 2008

Confidences de chauffeur de ministre

Mise en place terminée !!

Suspense au cabinet de mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect…). Suspense parce qu’elle est imminente, la mise en place du nouveau cabinet ministériel. Il est de coutume en effet qu’à chaque remaniement ministériel, leurs Excellences renouvellent les équipes. Pourtant, en principe, on ne change pas l’équipe qui gagne. Mais dire cela, c’est oublier qu’il y a une longue file de membres du parti et du clan qui attendent impatiemment leur tour de manger le gâteau. Alors commencent entre nous le trafic d’influence, la délation, les crocs-en-jambes, les obséquiosités rampantes. Trafic d’influence par exemple : on m’a rapporté l’autre matin que le chef de la logistique du cabinet expliquait à l’oreille du directeur de cabinet qu’il ne trouvait pas normal que la voiture du Ministre soit si gourmande en carburant malgré son petit ventre de réservoir. Sous-entendu : il y aurait surfacturation et trafic d’essence de la part du chauffeur du Ministre que je suis.

Délation par exemple : j’ai entendu de mes propres oreilles l’autre midi, à la pause, le chef du protocole chuchoter à l’oreille de la secrétaire particulière que l’on voyait de plus en plus le garde du corps flirter avec la secrétaire d’un chef de l’opposition radicale. Sous-entendu : il y aurait trafic d’informations secrètes et vases communicants entre le fameux garde du corps et les frères ennemis d’en face.

Crocs-en-jambes par exemple : le directeur de cabinet-adjoint a imité la signature du Directeur titulaire et a rédigé une fausse autorisation de paiement des frais de mission en sa faveur, pour avoir accompagné Son Excellence à un deuil familial. Sous-entendu : trafic de faux et usage de faux, au détriment du directeur titulaire et concurrent potentiel.

Obséquiosités rampantes par exemple : depuis l’annonce de la mise en place du cabinet, il y a comme une compétition de flatteries entre les membres du personnel. La plupart des membres sont passés de «Son Excellence monsieur le Ministre» à «Excellentissime», à «Grand-Patron-Ministre», à «Mon-Patron-Stratège », et même à «Mopao-Ministre» et à «Preso- Ministre». Et patati et patata… et tout ça, assorti d’une comédie théâtrale impayable, avec des courbettes à 180 degrés, des génuflexions à quatre pattes, et des sourires nègres de dessins animés…

Moi, je n’aime pas ça. D’abord parce que plus expert et spécialiste que moi au volant de la voiture officielle, personne ! Ensuite, parce que je ne suis pas n’importe quel chauffeur officiel; auprès de mon patron de Ministre, je suis à la fois guide, confident, entremetteur, agent de renseignements, goûteur… Voilà ma force tranquille. D’ailleurs cette force tranquille m’a coûté cher, puisque désormais, tout ce monde du cabinet vient déposer et prendre des nouvelles chez moi, convaincu que je suis la voie unique et autorisée pour accéder à notre patron de Ministre.

Ainsi, j’apprends encore une fois du garde du corps du Ministre que la secrétaire particulière a égorgé et enterré vivant un mouton noir avec des invocations au nom de mon patron de Ministre. En réalité, les ambitions de la secrétaire particulière voient et vont loin : le cabinet ministériel est devenu trop étroit et quelconque pour elle ; elle rêve désormais de faire un coup d’Etat à l’amiable contre la « mère ya palais ». cette secrétaire aurait pour cela, en plus des maraboutages sophistiqués, des techniques d’entre-cuisses absolument ensorcelantes, capables de domestiquer Barack Obama en personne !

Ainsi, j’apprendrai en revanche de la part de la même secrétaire que le garde du corps aurait subtilisé un slip et des chaussettes usées de notre patron de Ministre pour les confier à un féticheur tchokwe afin de les transformer en gris-gris d’envoûtement. En vérité les prétentions du garde du corps vont tout aussi loin : il tient à prendre la place du directeur de cabinet-adjoint. En fin de compte, avec toute la moisson d’informations recueillies ici et là auprès du personnel, je devenais encore plus fort, et vraiment incontournable…

…C’est sur ces entrefaites que j’ai reçu un coup de téléphone du directeur de cabinet. Il m’annonçait la mise en place effective au cabinet ministériel. Il me signifiait, au nom de Son Excellence monsieur le Ministre, que je venais d’être permuté : j’étais affecté dorénavant au service privé de ma patronne, « mère ya palais ». Le temps d’émettre une exclamation et une interrogation, le directeur de cabinet avait déjà raccroché…

Yoka Lye


jeudi 11 décembre 2008

Musique!

A écouter jusqu'au bout pour la beauté des paroles...

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 4


Le rendez-vous est fixé à 13h30 sur le parvis de l'église. Pitchou doit venir nous chercher au guidon de sa moto rouge pour nous présenter un villageois
qui saura nous guider sur le plateau du mont de Cristal. Mais, comme papa Fololo nous l'avait dit, Pitchou n'est pas très fiable... Il est donc arrivé vers 15h... En sachant que la nuit tombe vers 18h, il ne fallait plus trainer...

Lorsqu'il arrive enfin, c'est pour nous emmener dans un village où il veut nous présenter notre guide (qu'il n'a pas encore trouvé...).




La suite est plus limpide et plus belle. Nous découvrons une vaste plaine verdoyante traversée par une rivière et parsemée de culture. Au fond, le mont de Cristal. Pour vous donner une meilleure idée (?!?), ça ressemble à un paysage de Jurassic Park mais sans les fauves.




L'ascension n'est pas longue mais il n'existe aucun chemin. Ayant une confiance aveugle en notre guide, nous montons tout droit! Après 45 minutes, nous arrivons au pied d'une barre rocheuse infranchissable sans matériel.

On la longe quelques temps, histoire de profiter du vertige et de la vue. Puis notre guide s'exclame: "J'aurais dû avoir l'idée de passer par là. Nous serions arrivé en haut! Mais maintenant, nous ne pouvons que redescendre..."


Nous avons donc rejoint la plaine en pensant à ce sympathique Pitchou qui nous avait déniché un guide infaillible... Sacré Pitchou!


Le soir, petite sortie avec papa Fololo avant de faire nos adieux à nos amies les sœurs de Kimpese. Le lendemain, nous reprenions la route de Matadi en direction de Kishasa pour notre prochaine étape: Kolo Fuma...







spécificité_culturelle.2

mercredi 10 décembre 2008

Confidences de chauffeur de ministre

Voici une rubrique extraite du quotidien congolais "Le Potentiel". Le plus souvent drôle, elle est un des regards les plus caustiques que l'on trouve dans la presse sur l'actualité en RDC.

Succulent.


S.I.D.A : Salaire et Sachet Insignifiants Difficilement Acquis… Branle-bas au sein du Palais du peuple ! Non pas à l’intérieur de l’hémicycle où les parle-menteurs s’étripent et s’escriment autour des chiffres et des statistiques budgétaires, mais simplement dans le parking. Cela fait bien des heures que j’ai déposé ici, au Palais du peuple, mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect…). Tout au long du parcours entre la résidence ministérielle et le parlement, vautré au fond de la voiture officielle, calculette en mains et stylo en bataille, mon patron monologue avec les chiffres. Manifestement, il y a belle lurette que mon patron de Ministre a exercé le calcul mental et les mathématiques modernes, puisque, à l’entendre marmonner à haute voix et pester, on comprend finalement que ses tables de multiplication et d’addition semblent déréglées par celles de la division et de la soustraction. Manifestement donc, les prévisions de budget préparées par son cabinet semblent ne pas le satisfaire : mon pauvre Ministre n’a pas eu le temps de contrôler attentivement ces fameux chiffres avant la défense au Parlement. La preuve en est qu’à chaque fois, entre deux vérifications, mon patron jure comme un boucher et envoie au diable son directeur de cabinet, comptable de ces prévisions funestes. De temps en temps même, au comble de l’exaspération, mon patron de ministre se tourne vers moi et me demande à brûle-pourpoint : « Combien font 5 milliards FOIS 12 mois FOIS 5 millions de fonctionnaires PLUS 50.000 retraités DIVISES PAR 11 provinces MOINS 150.000 agents fictifs, avec 10 % de commissions ?? »

Bien entendu, au bougre de chauffeur que je suis, il est impossible de répondre à des calculs aussi sophistiqués. Alors je fais semblant de regarder ailleurs et fais la sourde oreille. Alors mon patron de Ministre se défoule et peste sur moi, en me traitant de « cancre » et de « potache ».

Il en a été ainsi toute cette semaine sur l’itinéraire résidence-Palais du peuple. Un vrai chemin de croix ! Un chemin toujours pavé de chiffres si compliqués, et parsemé de statistiques si illisibles que mon patron de Ministre en a perdu la voix, à force de pester, et sa langue maternelle, à force de se creuser la cervelle en vain. J’ai compris, à entendre le monologue courroucé de mon patron, que les prévisions budgétaires concoctées par le cabinet ressemblaient à de la science-fiction et à de la littérature fantasque, avec des chiffres à donner l’insomnie et le vertige même à un Prix Nobel !

…Mais ce n’est du tout de tout cela que je devrais parler : je voudrais décrire l’ambiance en dehors de la salle parle-menteuse, dans notre parking de chauffeurs. Il y a en effet rassemblés autour d’une auto-radio, tous les chauffeurs des Ministres, y compris celui de Ngwashi-premier. C’est d’ailleurs autour de son auto-radio que nous tous, chauffeurs officiels, suivons les débats parle-menteurs. Une vraie ambiance de « parlement-debout » ! A chaque fois que là-bas, dans la salle, un Ministre est interpellé, ici au parking, nos regards et notre attention se portent sur son chauffeur. Et il faut voir comment, à chaque trébuchement, à chaque maladresse de tel ou tel Ministre devant les objections agressives des parme-menteurs interpellateurs, comment l’angoisse étreint le visage de tel ou tel de son chauffeur… Comme un supporter de foot angoissé par les moindres faits et gestes de « son » joueur »… Lorsque dans la salle, l’un ou l’autre Ministre s’en sort honorablement, comme par exemple celui chargé des Ressources Poissonnières, ici au parking le public des chauffeurs applaudit comme s’il avait marqué un but ! Lorsqu’au contraire, comme il est arrivé fréquemment, par exemple avec le Ministre chargé de la Prospérité Nationale, un Ministre est recalé jusqu’à perdre la parole, sollicitant du coup de s’exprimer en dialecte maternel pour être compris, des huées fusent ici dans ce « parlement-debout » du parking, comme contre un joueur qui a raté un pénalty.

Jusqu’à présent, là-bas dans la salle, mon patron de Ministre n’a pas encore été interpellé. J’ai quelques appréhensions sur sa prestation, à voir comment ses prévisions budgétaires semblent avoir été bâclées. Pour aujourd’hui donc, la journée s’est achevée sans vainqueur ni vaincu. Et le match-retour est reporté au lendemain. Epuisés, mon patron de Ministre et moi, nous sommes de retour à la résidence.

Or, voilà qu’en arrivant devant le portail, la nuit tombante, nous avons été surpris de voir des tas de banderoles et de graffiti pavoisant les murs de la résidence de mon patron de Ministre. Malgré l’obscurité, on pouvait y lire : « PANIER DE LA MENAGERE OU SACHET DE LA MENAGERE ? ». « CONTRE LE S.I.D.A : Salaire Insuffisant Difficilement Acquis !! ».

Yoka Lye

andreyokalye@yahoo.fr


Merci à papa RV.

vendredi 5 décembre 2008

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 3

"...gnaaa.... gnagnaaa... gnagnagna gnagna... You can dance! You can...""""


6h! Le réveille de Sophie chante... Nous nous levons tous les deux en toute discrétion afin de ne pas troubler le sommeil de nos deux compères. Silencieusement donc nous allons assister aux matines des sœurs de la Charité et de l'Enfant Jésus de Kimpese. Mais je n'en dirai pas beaucoup plus, tant le moment n'avait rien de particulièrement beau...


Une bonne heure plus tard, douchés et frais comme une brume matinale, Virginie et Hervé nous rejoignent pour déjeuner avec les sœurs... Après quoi, nous allons rendre une visite de courtoisie à nos confrères congolais travaillant pour le Lycée de la congrégation.


Les bâtiments de l'école secondaire jouxtent ceux du couvent. Un peu plus loin, nous découvrons l'internat de plus de 180 lits... L'établissement semble bien tenu. Les cours se donnent dans une certaine rigueur : silence, ordre et politesse. Un diplôme, ça se mérite! Il faut de la sueur, des feuilles noircies de notes et des anciens manuels scolaires venus tout droit de Belgique (Là où, comme tout le monde le sait, la pédagogie est à la pointe!). Les classes sont chargées. 50 élèves pour les plus grands groupes...


Après le secondaire, histoire de satisfaire tout le monde, "Madame-ma-sœur-la-directrice" nous emmène découvrir son école primaire. Nous partons donc à la rencontre "des amis de Jésus"... Dès notre arrivée dans la cour des maternels, une effervescence s'ébruite par les fenêtres ouvertes. En quelques secondes, tous les enfants sont rangés en un rectangle digne des plus grands rassemblement militaire. Les maîtres, chicote à la main et tablier rose en pardessus, veille à ce qu'aucune tête ne dépasse... Puis, après un petit mot de "Madama-ma-soeur-la-directrice" (qui ressemblait plus à un sketch d'Eli Kakou!), les enfants nous démontrent une fois de plus à quel point la musique est ancrée dans la culture africaine. Les "amis-de-Jésus" nous hurlent des chants de bienvenue tout en dansant et en frappant dans les mains! Scène surprenante et extraordinaire!


Ensuite, nous passons dans quelques classes de primaires. Et, alors que nous pensions avoir déjà découvert le plus surprenant, c'est un cours d'éducation physique qui s'offre à nos yeux écarquillés. En effet, à cette heure de la matinée, le soleil est déjà haut et brulant. Et pourtant ils pompent sans broncher! De quoi laisser Hervé divaguer et rêver à un petit bataillon qui lui permettrait de libérer l'Est de la RDC des mains de Nkunda...


Peu après, c'est dans un bain de foule que nous quittons l'école pour nous rendre à l'hôpital. Au menu, visite de la pharmacie, de la maternité, des dortoirs hommes et femmes et des différents cabinets que comporte le centre de soin. Pour nous guider, nous retrouvons sœur Christine bon pied bon œil au comptoir de sa pharmacie.

Sœur Christine vaut à elle seule le trajet jusqu'à Kimpese... Petite nonnette flamande devant approcher les 80 ans qui a 40 ans de Congo, un enthousiasme débordant et un caractère bien trempé! Pour elle, il n'y a ni tabou, ni secret... On passera donc de la salle d'accouchement où une maman est en couche ("Bonjour madame... Bon travail! Au revoir madame...") aux 2 salles d'opération, heureusement en plein nettoyage.


La visite est instructive et impressionnante. Tous ces gens luttent pour leur survie avec des moyens dont on ne saurait que faire. Les matelas sont déchirés et pouilleux; l'appareil de radiologie hors service depuis que la lampe s'est définitivement éteinte; le labo dépourvu de tout matériel sophistiqué... Un peu partout, aux murs, des affichent de propagande rappellent la nécessité de boire de l'eau pure, de consulter un médecin plutôt qu'un marabout, de manger équilibrer, etc. La chaleur et la moiteur accentue l'odeur... Un parfum de désinfectant à base de javel mêlé à celui de la transpiration et du magnoc qui cuit...


Après une visite d'une heure trente, nous retournons au couvent dans pour discuter de tout cela et nous rafraîchir. Après le dîner, nous devrions tenter l'ascencion du mont de Cristal... Plus haut plateau de la région (+/- 600m...) avec l'aide de l'ami Pitchou...


lundi 17 novembre 2008

Mini trip dans le Bas-Congo Vol. 2

C'est donc en pleine forme et avec un excellent petit déjeuner que nous retrouvons, toujours entière, la Vitara kit sport pour partir à la recherche de papa Fololo, l'homme d'Hannut... D'après Hervé, cet homme mystérieux, ce mundéle perdu à Kimpese au milieu des champs d'oignons, devrait pouvoir nous loger et nous permettre de découvrir la région.



Une petite centaine de kilomètres dans la moiteur matinale et sous la pluie et c'est un oasis de vie qui s'ouvre devant nous. Comme un peu partout des marchés plus ou moins improvisés, des vendeurs de recharges gsm (Vodacom, Zain, Tigo) , des bars et des dépôts de Skol et de Primus bordent la rue. Plus la route s'enfonce dans la ville, plus les piétons prennent de place. Ca grouille. Les élèves en uniforme bleu et blanc, les policiers, les mamans chargées sur la tête et sur le dos d'enfants, d'outils, de magnoc et autres denrées...


Assez rapidement, nous repérons les "bureaux" de l'ONG pour laquelle travaille papa Fololo. On quitte alors la route pour 200m de boue rouge et collante... Immédiatement, Fololo reconnait Hervé.

Assez rapidement, Florent (puisque c'est son prénom de belge) nous
propose un de ses hommes (Pitchou) pour nous guider dans le village afin de trouver un logement. Finalement, c'est à la porte du couvent que nous frappons. Et, bien entendu, les sœurs acceptent de nous loger pour une nuit ou deux. Ce couvent, nous allions bientôt le découvrir, s'occupe d'une école, d'une maternité et d'un hôpital.

Notre logement est sommaire mais propre... Les lits sont relativement confortables et les douches relativement froides. Mais nous avons trouvé un toit.



En suite, Pitchou nous emmène découvrir des chutes au pied du Mont de Cristal. Petite balade champêtre dans le jardin d'Eden...



Restait à retourner le long de la route, boire quelques verres, jouer aux cartes et discuter avec papa Fololo et les gens du cru pour passer une excellente soirée avant de retourner dans nos cellules.




A ce moment précis de l'histoire, tout comme vous, nous sentions que des choses extraordinaires allaient s'offrirent à nous le lendemain... Mais pour les connaître, il faudra patienter encore un peu!

Ah, ah!!!



PS: Comme d'hab'...photos... plus... titre... cliquez... article... de!

mardi 11 novembre 2008

Mini trip dans le Bas-Congo, vol. 1

Visiblement, je passe tout doucement au rythme du pays... Le temps s'étend et file... Car deux semaines auront été nécessaires pour que je me décide enfin à vous raconter notre vie pendant le congé de la Toussaint...


Lundi matin, après un week-end encore très festif, nous prenons la route de Matadi en direction de Kimpese (à un peu plus de 200km de Kin). Notre premier point de chute est l'hôtel Belle-vue à Kisantu. Pour les autres, "on trouvera bien quelque chose..." Au retour de Kimpese, nous passerons à Kolo-Fuma et devrions visiter les grottes de Mbanza-Ngungu.

Nous partons à 4, Virginie, Hervé, Sophie et moi, dans une vieille Vitara kit sport (très intéressant un 4x4 rabaissé pour al
ler sur les pistes...), avec peu de place et deux certitudes: nous serons arrêtés par la police et nous risquons des problèmes techniques... L'aventure quoi.

Le trajet jusque Kisantu se passe, étonnamment, sans souci. Ni policier assoifé, ni camion fou, ni même un seul embouteillage. Nous arrivons donc assez rapidement à l'hôtel où nous prenons "un appartement deux chambres." Après quoi nous sommes allés visité un jardin botanique qui est parmis les plus importants au monde.



Bon, je vais être honnête... L'idée d'aller visiter un zoo pour plantes ne me réjouissait pas terriblement. Et pourtant, j'ai été bluffé!!! Le parc est très grand et recèle des varitées que je ne soupçonnais pas. En prime, trois malheureux animaux nous attendaient aufond de leur cage... Un babouin, un python et Anatole, le crocodile...



Après une brève visite au calvaire (Fallait-il préciser que le fondateur du parc était un moine, évidemment...) qui nous permet de découvrir la région, nous rentrons à l'hôtel pour une nuit mouvementée.


Assez rapidement, nous ressentons une atm
osphère étrange dans cet hôtel. Des policiers en arme surveillent toutes les allées et venues de tout un chacun, des femmes s'activent à la préparation de repas, des hommes déménagent une chambre et des messieurs endimanchés écoutent sur une petite radio portable l'annonce de la formation du nouveau gouvernement...

Nous devinons que parmis ces hommes se trouve une personnalité importante qui nécessite la mise sous haute garde de l'hôtel. C'est pourquoi, nous avons dû dormir avec, devant la fenêtre de notre chambre, un policier assoupi sur une chaise la mitraillette entre les jambes...




En plus des policiers, nous avons aussi subi les assauts répétés de moustiques affamés et téméraires... Bref, une belle nuit en RDC.

Le lendemain, les visages encore bouffis, nous reprenons la route dans le but de retrouver un certain papa Fololo à Kimpese...

Suite au prochain numéro!


Comme d'habitude, pour plus de photos, cliquez sur le titre.

lundi 10 novembre 2008

Idée reçue n°3: conduire au Congo est de la folie

Ni vrai, ni faux...



Une chose est certaine, avant de prendre le volant, il faut observer et s'adapter...
En effet, ici, le danger vient moins de la vitesse que de la faculté qu'on les autres usagers à réaliser des manœuvres plus surprenantes les unes que les autres. De plus, les pr
iorités de droite ou le respect des feux de signalisation varie en fonction du jour et de l'heure. En bref, en l'absence de marquage au sol, de panneau et de formation au permis de conduire, il est très fréquent de dépasser par la droite, de remonter les embouteillages par la gauche (ils allument quand même les 4 clignotants...), de rouler sur le trottoir, de s'arrêter au milieu d'un carrefour, de rouler la main sur le claxon etc, etc...
Par contre, on constate rarement d'excès de vitesse...

mardi 4 novembre 2008

Parlons sécurité


Vous entendez sans doute beaucoup parler de la RDC pour le moment. Et pour cause! Les évènements qui se déroulent à l'Est, aux portes de Goma, sont une véritable tragédie.
Le chef des rebelles, le général Laurent Nkunda est à l'entrée de la ville. L'armée congolaise, quant à elle, recule en n'hésitant pas à commettre différentes exactions.

En place depuis une dizaine de jours, le nouveau gouvernement, composé d'anciennes têtes ,vient de refuser toute négociation avec Nkunda ce qui a poussé ce dernier à déclarer:
"Si le gouvernement ne veut pas négocier, c'est qu'il veut la guerre! Notre nouvel objectif, après Goma, est de marcher sur Kinshasa!"

Mais, ne sombrons pas dans la psychose. Relativisons...

Goma est à plus de 2000km de Kinshasa (Belgique-Roumanie) et les voies de communication sont inexistantes... Mais le danger pourrait venir d'un soulèvement du peuple exaspéré par l'inaction de la Monuc.

En effet, les congolais ne comprennent pas pourquoi le plus important contigent militaire de l'ONU ne parvient pas à défendre les civiles. Et, ce qui s'est déjà passé une fois, ils pourraient manifester leur mécontentement à Kinshasa en caillassant les véhicules UN. Le risque pour nous est d'être associés, de par notre couleur de peau, aux employés de l'ONU.

Relativisons...

Le nouveau gouvernement reprend plusieurs représentants de l'Est. De plus, les dernières interventions kinoises sont passées pour inutiles... Pour ces deux raisons, actuellement, les kinois préfèrent que les problèmes soient gérer à l'Est par les congolais de l'Est.

En bref, pour le moment, la situation à Kinshasa ne souffre aucune tension. On espère juste qu'une solution politique interviendra le plus rapidement possible pour que les habitants de la région de Goma puissent réintégrer leurs habitations et vivre en sécurité.


Bien à vous.



PS: cliquez sur le titre pour en savoir davantage.

vendredi 24 octobre 2008

Visite chez les petits exclus




Dimanche dernier, Alain nous propose de découvrir encore un autre univers. Celui des exclus de la société. Nous nous rendons donc à l'orphelinat "Don de Marie" tenu par les sœurs de la congrégation des "Missionnaires de la Charité" fondée par Mère Teresa à Calcutta.

Le bâtiment est sobre mais entretenu. Partout, des enfants dorment, mangent, se trainent... Quelques images pieuses tentent d'égayer les murs et d'apporter un peu d'espoir.


Le parcours des orphelins est, malheureusement, classique ici. Pour la plupart séropositifs dés la naissance, la famille les abandonnent. Maladie honteuse, onéreuse et trop souvent fatale. Ces enfants ont donc deux destins possibles. Soit ils grandissent comme ils peuvent dans les rues, ce sont alors des sheges. Soit ils arrivent dans un orphelinat où on tente de leur apporter le nécessaire pour grandir le plus heureusement possible.



Arrivés vers14h et tout d'abord curieux, nous ravalons très vite notre fierté et nos ardeurs. La tristesse est partout et nous saute aux yeux comme pour nous rappeler que trop souvent nous nous cachons certaines réalités pour ne pas être dérangés, ne pas culpabiliser...


Une fois notre stupeur un peu retombée, les enfants courent vers nous et nous assaillent littéralement! Ils nous serrent les jambes, tirent nos teeshirts, veulent toucher nos cheveux, nos poils, nos barbes. Leurs yeux brillent devant nos montres et nos lunettes. Ils veulent qu'on les portent, qu'on les promène, qu'on leur parle et, surtout, que l'on joue avec eux!


Alain sort son ballon de foot et forme deux petites équipes avec Hervé pendant que Sophie et Virginie aident à la distribution des repas des tout petits. Quant à Amélie et moi-même, nous les promenons et jouons avec eux sur leur petite plaine de jeux.




Deux heures durant, nous aurons transpiré et aurons donné un peu de notre temps à ces oubliés. Mais qu'est-ce que nous avons reçu en échange!!! De l'amour et de la tendresse. Une leçon de courage et de persévérance. Une belle prise de conscience...

Merci aux enfants.


Merci aux sœurs qui, malgré un nombre trop élevé d'enfants (une cinquantaine), tiennent le coup et permettent à ses petits-bouts de vivre dans la dignité.





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jeudi 23 octobre 2008

Petite mise au vert


Samedi, après un réveil difficile, le besoin de prendre l'air et de quitter la grisaille de la ville se fait pressant... Nous prenons donc la route pour une sortie en brousse menés par notre guide, Manu...

Objectif du jour: atteindre un lac perdu repéré sur Google Hearth... On n'arrête pas le progrès!
A la clé, des paysages à couper le souffle et un azimut d'une demi-heure à travers la végétation luxuriante... Sans parler des fourmis géantes...




Petit soucis de canalisation à la sortie de la ville... Même en 4x4 personne ne s'y risque car on ignore la profondeur de ce genre de flaque....